CHAPITRE XXVII
Stalingrad

Sur le front Sud-Ouest, sous un ciel de feu, dans une poussière âcre, la Wehrmacht repousse inlassablement l’Armée rouge vers Stalingrad, l’ancienne Tsaritsyne, énorme ville-champignon, dont les usines et les quartiers ouvriers s’étendent le long de la Volga sur plus de 30 kilomètres. Dans Les Tranchées de Stalingrad, l’ex-lieutenant Victor Nekrassov évoque cette débâcle qui brasse, dans les hurlements des klaxons, camions et fantassins à demi nus au milieu des roues, des radiateurs, des caisses de voitures, des cadavres de chevaux gonflés, des arbres brisés et des voitures renversées. Un soldat, accablé, énumère les catastrophes : « Plus d’Ukraine ni de Kouban, donc plus de blé. Plus de Donbass, donc plus de charbon. Bakou est coupé. Le Dnieprostroï ? Sauté. Des milliers d’usines aux mains des Allemands […]. La ligne de communication de la Volga est pratiquement coupée. Vous vous rendez compte du chemin que doit maintenant faire le pétrole de Bakou[1175] ? »

Staline appelle au secours les Alliés, qui l’abreuvent de belles paroles. Il se fâche et sermonne Churchill, le 23 juillet 1942 : « Le gouvernement soviétique ne peut accepter de voir repousser jusqu’en 1943 l’ouverture d’un second front en Europe[1176]. » La situation de l’Armée rouge, qui recule sur le Caucase et la Volga, est, en effet, désespérée. Mais les Alliés le font lanterner à leur guise. Et son ton « catégorique » n’y change rien. Churchill vient à Moscou le 12 août 1942. Berejkov, entrant dans le bureau de Staline, entend sa dernière phrase à Molotov : « Il ne faut rien attendre de bon de cette rencontre[1177]. » Staline déploie pourtant toutes les ressources d’une séduction à usage externe. Brutal avec les siens, il peut, selon Berejkov, « déployer un talent de persuasion réservé aux étrangers […]. Il savait séduire ses interlocuteurs. C’était manifestement un grand acteur et il était capable de se fabriquer une image d’homme charmant, modeste, même un peu simple[1178] ». Churchill le félicite pour la brillante conduite de l’Armée rouge. Staline insiste sur le caractère dramatique de la situation et ne peut « assurer que les Russes pourront résister à la nouvelle pression des Allemands ». Churchill le rassure : faute d’aviation assez puissante, « les Allemands ne pourront engager une nouvelle offensive sur la ligne de Voronej[1179] ». Staline se plaint de l’étirement du front qu’Hitler peut tenter d’enfoncer.

Staline a noirci en vain la situation, car Churchill aborde de lui-même la question du second front en Europe, pour en nier d’emblée la possibilité cette année. Mais, dit-il, on peut en ouvrir un ailleurs. Il évoque alors « les préparatifs d’une opération de grande envergure en 1943 », qui sera une fois de plus repoussée. Les troupes anglaises, ajoute-t-il, ne sont pas prêtes au combat. Seule l’épreuve du feu aguerrit et trempe une armée, rétorque Staline, qui souligne que l’Angleterre n’a pas bougé pour secourir la Pologne ni réagi à l’annexion du Danemark et de la Norvège par Hitler. L’exposé par Churchill des plans de débarquement des troupes américaines et anglaises en Afrique du Nord détend un peu l’atmosphère. Staline y décèle même quelques aspects positifs, mais l’amertume engendrée par le refus du débarquement en France domine toute la fin de la conversation[1180]. Même le banquet offert à Churchill, qui, méfiant, s’était gavé de sandwiches britanniques dans son avion, ne déride pas les deux hommes. Staline défie au vin et à la vodka le grand buveur anglais. Le maréchal de l’armée de l’air, Golovanov, suit ce match avec inquiétude. À la fin du festin, lorsque la délégation britannique entraîne Churchill vers sa chambre, Staline se retourne vers Golovanov et grommelle : « Pourquoi me regardes-tu comme ça ? Ne crains rien, je ne vais pas dissoudre la Russie dans l’alcool, mais lui, demain, il va se démener comme un diable dans un bénitier[1181]. »

Le 23 août 1942, au moment où l’Armée rouge recule vers le Caucase, Beria a créé un réseau de camps spéciaux visant à démasquer parmi les prisonniers « les déserteurs, les espions et autres éléments douteux parmi les soldats des divisions de l’Armée rouge […], qui reculent […] les arrêter […] constituer sur eux un dossier sous forme réglementaire et les transférer à la justice ». Tous ceux qui reculent sont suspects. Les soldats blanchis par l’enquête sont immédiatement renvoyés au front. En moyenne, un sur trois est déclaré coupable. Staline confirmera l’existence de ces camps spéciaux de filtrage par une nouvelle décision du gouvernement du 24 janvier 1944. Ils accueilleront alors tous les soldats soviétiques capturés par les Allemands, qui seront soumis à un contrôle très sévère, surtout pour les officiers et sous-officiers.

Le 23 août, les avions de la Luftwaffe, par vagues successives, lâchent sur Stalingrad des milliers de bombes incendiaires qui volatilisent les murs en briques et les toits des usines, font flamber les maisons de bois, éventrent les immeubles de béton. L’incendie ravage la cité noyée dans des nuages de poussière et de cendres. Staline refuse un moment d’autoriser l’évacuation des milliers de civils, femmes et enfants terrés dans les caves et les trous de bombes, ou encore entassés, implorants, sur la rive droite du fleuve. Ce serait pour lui le premier acte d’une inacceptable capitulation. Le 3 septembre, les IVe et VIe armées blindées de la Wehrmacht font leur jonction autour de Stalingrad, ainsi encerclée au nord, à l’ouest et au sud, tenue par 40 000 soldats exténués. Si Stalingrad tombe, la route de Moscou vers le nord est ouverte. C’est le début d’un enfer de cinq mois, le premier acte d’une mêlée sauvage que les Allemands ont appelée « le combat des rats ». Staline, menaçant, interpelle au téléphone Khrouchtchev, commissaire politique du front : « Que signifie le début d’évacuation de la ville ? » Khrouchtchev bredouille que l’information est fausse. Il doit s’accrocher à tout prix.

La Volga est sous le feu de l’artillerie allemande. Entre deux salves d’obus, la Luftwaffe mitraille les transports de troupes et de vivres et coule une bonne moitié des radeaux et des barges qui tentent de traverser le fleuve. Les officiers du NKVD et les commissaires politiques lancent les soldats à l’assaut en hurlant : « Pour la Patrie ! Pour Staline ». Un poète soldat résume assez bien leur sentiment dans un bref tercet :

Dans les tranchées, pour être honnête,

La dernière chose que nous avions en tête

C’était Staline[1182].

Les troupes spéciales du NKVD, postées derrière les combattants, abattent à la mitrailleuse ou au revolver les soldats qui reculent ou esquivent le combat, tout comme les déserteurs, les civils qui tentent de fuir vers les lignes allemandes, voire les enfants suspects de servir de porteurs d’eau aux Allemands. L’historien anglais Antony Beevor a recensé 13 500 soldats soviétiques fusillés par ces troupes spéciales. Mais la terreur ne suffit pas, loin de là, à expliquer l’acharnement des milliers de soldats et d’officiers pour qui Stalingrad est le combat de la dernière chance et qui veulent à tout prix arrêter la Wehrmacht dans ce champ de ruines. Elle avance pourtant presque chaque jour, inexorablement, de quelques mètres vers les objectifs vitaux que sont l’usine de tracteurs, l’usine Barricades, l’usine Octobre rouge, la gare centrale, le silo à grain, en ruine, et la colline dite Kourgane de Mamai, adossés à la Volga. Staline et Joukov exigent du général leremenko, commandant du front, qu’il déclenche une impossible contre-attaque. Ieremenko lance à l’assaut des positions allemandes retranchées des troupes, chaque jour renouvelées par les renforts qui ont échappé aux obus allemands et aux mitrailleuses des Messerschmitt.

Dès octobre, la Wehrmacht n’est plus qu’à 150 mètres de la Volga, face à ces usines réduites à un entrelacs de carcasses trouées. Staline autorise Ieremenko et Khrouchtchev à installer le QG du front sur la rive gauche de la Volga tandis que le général Tchouïkov, commandant la LXIIe armée soviétique, reste sur la rive droite, face aux lignes allemandes. Le 2 octobre, la Lufwaffe bombarde les réservoirs de carburant de l’Armée rouge ; leur explosion allume un gigantesque incendie. Dans un tourbillon de fumée, de cendres et de poussière, les combattants, retranchés dans les ruines, se battent à la grenade, à la baïonnette, au poignard pour chaque fosse, chaque pan de ruines, chaque débris, où les panzers s’empêtrent. Dans ce corps à corps furieux, les fantassins soviétiques abattent un jour à la mitrailleuse leurs propres pilotes, sautés en parachute de leurs bombardiers abattus comme à la parade par la chasse germanique. Les blessés entassés en hâte sur les rives y agonisent en râlant, sans eau, sans médicaments, sans soins. La nuit, les rats rongent les cadavres entre les lignes, pendant que les civils terrés leur disputent les débris d’aliments ou cherchent désespérément une eau polluée. L’ordre, donné par Staline le 5 octobre, de reprendre les positions conquises par les Allemands, à portée de main de la Volga, est irréalisable, mais les soldats soviétiques s’accrochent désespérément à chaque trou et à chaque tas de gravats pour interdire à la Wehrmacht d’atteindre le fleuve.

Joukov et Vassilevski élaborent le plan d’une contre-offensive dite opération Uranus, que Staline confirme. C’est à cette date que Vassilevski fait remonter le changement qu’il a remarqué dans sa conduite de la guerre : Staline ne cherche plus systématiquement à tout vérifier dans le détail, à tout décider et à piétiner les généraux. Le 8 novembre, Hitler, dans son discours annuel de Munich, annonce à un parterre de dignitaires nazis enflammés que ses troupes ont pris une localité qu’il ne nomme pas, située sur « la Volga en un point déterminé, une ville déterminée, équipée d’un gigantesque port de transit. Je voulais l’avoir et savez-vous ? nous l’avons[1183] ». Hitler-le-superstitieux a eu raison de ne pas nommer la ville. Le 22 novembre 1942, en effet, l’Armée rouge encercle à Stalingrad les 300 000 hommes de von Paulus. C’est le commencement de la fin. La Luftwaffe prétend ravitailler les soldats allemands par un pont aérien, mais la DCA soviétique abat ses avions comme des moineaux : elle en descend 264 en décembre, soit près de dix par jour en moyenne. Les soldats allemands affamés, rongés de poux, sans abris, sans bois pour se chauffer, sans bottes, et bientôt sans armes, pilonnés par l’artillerie soviétique, forment peu à peu une armée de fantômes qu’Hitler, à grand renfort de proclamations, invite, de son bunker, à l’héroïsme et au sacrifice.

Les tâches militaires n’empêchent pas Staline de suivre d’un œil attentif, quoique intermittent, la politique intérieure jusque dans les petits détails. Ainsi, il reçoit au milieu de janvier 1943 un exemplaire de La Poésie soviétique russe (anthologie 1917-1942). Après examen, il en ordonne le pilonnage intégral ; aucun exemplaire n’échappera à la destruction. Staline a biffé quatre vers d’un poème de Pasternak sur Lénine et deux vers de « La Russie » de Selvinski : « Oh Russie j’aime tes oiseaux / Tes freux, raisonnables comme des paysans[1184]. »

Comparer les paysans soviétiques à des freux est apparemment une insulte. Staline fait rééditer le volume avec les coupures voulues. Disparaissent également quatre poèmes – dont un consacré au slogan : « Pour la patrie ! Pour Staline ! », un chant de gloire en son honneur – et la préface de l’ouvrage, où Staline était cité quatre fois et célébré en tant que thème poétique[1185]. Ce souci du contrôle absolu de toute la vie intellectuelle soviétique, pour l’instant subordonné aux exigences de la guerre, connaîtra son plein essor dès 1946.

Au printemps 1942, Staline réfléchit déjà à des mesures en faveur de la caste militaire. Il convoque Khroulev et lui demande de faire dessiner un projet d’uniforme spécial à l’usage des régiments de la garde, qu’il se propose de reconstituer ; cet uniforme comportera des épaulettes. Un jour il s’interroge : de quoi auront l’air ceux des autres régiments qui n’en auront pas ? Pendant toute la seconde moitié de 1942, Khroulev – le chef du front de l’arrière, c’est-à-dire des troupes de réserve, chargé, donc, de tâches urgentes multiples – élabore trois projets successifs de modèles d’épaulettes différents pour les simples soldats, les officiers et les généraux – et adaptés aux différents types d’armées ! Staline y apporte corrections sur corrections, au point de persuader Khroulev qu’il cherche à différer la décision le plus longtemps possible.

Le 2 octobre, il supprime le corps des commissaires politiques, haï des gradés. En novembre, il crée pour les officiers les ordres de Souvorov, Koutouzov – fameux généraux tsaristes – et Alexandre Nevski. Pour les officiers ukrainiens, il crée l’ordre de Bogdan Khmelnitski, l’ancien ataman cosaque du XVIIe siècle, pro-russe et grand massacreur de juifs. Il crée neuf écoles Souvorov de cadets qui copient celles de l’Ancien Régime ; on y apprend aux élèves officiers le culte de l’honneur militaire, les bonnes manières, et même la mazurka…

Au tout début de janvier, Khroulev insiste pour recevoir une réponse sur ses projets d’épaulettes et d’uniformes. Staline fait apporter les modèles, les regarde, convoque Kalinine et les lui montre en ajoutant, pour dégager sa responsabilité : « Camarade Kalinine, Khroulev nous propose de restaurer l’Ancien Régime. » Kalinine examine les modèles, puis se prononce pour leur adoption si cet uniforme plaît aux jeunes. Si, dit-il, les hommes de leur génération se souviennent de l’Ancien Régime, que cet uniforme rappelle, « il ne représente rien pour beaucoup de gens ». Staline feint l’étonnement : « Comment, même vous, camarade Kalinine, vous êtes pour l’Ancien Régime[1186] ! » Kalinine maintient sa position. Le 6 janvier, un décret rétablit les épaulettes. Quelques jours plus tard, Staline invite les deux hommes à dîner dans son appartement du Kremlin. Au cours du repas, Kalinine raconte qu’au cours de la guerre civile Lénine l’avait envoyé dans une région où les paysans refusaient de livrer leur blé ; les paysans lui dirent qu’ils voulaient bien le livrer, à condition que l’on ne touche pas à leurs popes et à leurs églises. De retour à Moscou, Kalinine raconta la conversation à Lénine qui lui promit d’« interdire de fermer les églises et de pourchasser les popes ». L’anecdote est douteuse, mais Staline, qui a écouté attentivement, la commente : « Cette question n’a pas perdu de son acuité. Les gauchistes nous ont fait beaucoup de tort dans les questions de religion. On ne peut vaincre la religion que par l’éducation des gens et non par des mesures administratives ; c’est pourquoi la question des églises n’a toujours pas perdu sa signification[1187]. » Il va le montrer sous peu. Dès le 31 juillet, d’ailleurs, le Secrétariat au Comité central avait « provisoirement » (en réalité, définitivement) arrêté l’édition du Journal Le Sans-dieu, dont le rédacteur en chef, Ioroslavski, meurt au début de 1943[1188].

À Berlin, un officier russe de l’armée Vlassov, le colonel Igor Sakharov, perçoit l’importance de ce changement nationaliste. En février 1943, il adresse à l’état-major de la Wehrmacht un mémorandum dans lequel il affirme : Staline, comprenant le désintérêt des Russes pour la révolution mondiale, a remplacé la propagande révolutionnaire par l’idée nationale russe, « repoussé les juifs à l’arrière-plan », supprimé les commissaires politiques, restauré les uniformes, les grades et les vieux ordres historiques. Ce nationalisme affiché, écrit-il, pousse le soldat soviétique à lutter maintenant « pour sa patrie, contre l’occupation étrangère[1189] ». Sakharov oublie que la « propagande révolutionnaire » a disparu dès la signature du pacte germano-soviétique. Ses observations soulignent néanmoins l’ampleur du tournant nationaliste[1190].

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